Intelligence artificielle et Qualité de vie au travail ?

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Intelligence artificielle et Qualité de vie au travail ?

L’intelligence artificielle est perçue pour bon nombre de salariés à la fois comme une opportunité et une menace pour nos organisations du travail. Une opportunité, car cette technologie qui est en constante évolution vient bouleverser nos routines de travail en ouvrant le champ des possibles pour les tâches à faible valeur ajoutée qui polluent notre quotidien. Une menace, car l’IA nous fait lentement, mais sûrement rentrer comme le théorise Schumpeter dans un processus de destruction créatrice, où  les innovations portées par cette technologie vont indubitablement entrainer des mutations économiques. Mutations qui sur le long terme vont questionner notre rapport au travail et à la façon de l’aborder en détruisant certains métiers, tout en en réinventant d’autres. Mais qu’en est-il aujourd’hui lorsque l’on échange sur cette technologie auprès des professionnels ?

Notre dernière étude qualitative sur la question de l’IA en entreprise basée sur 20 entretiens semi directifs auprès de cadres DRH, DAF et SI, met en avant la question de la culture d’entreprise et du niveau de fiabilité de l’outil comme critères principaux de décision à son utilisation. Chatgpt semble pour beaucoup être la solution IA de référence, surtout utilisée pour générer des contenus simples ou des lignes de codes. Une utilisation qui pour 80 % d’entre eux n’est pas encore ancrée dans leur routine de travail, mais qui se dessine doucement à le devenir.

Ces éléments d’introduction contextualisent la place de l’IA en entreprise aujourd’hui, ce qui nous permet de nous questionner sur l’influence de ce bouleversement sur les différentes dimensions de la Qualité de vie au Travail. Quelle collaboration à l’air de l’IA ? Les relations sociales se dégraderont-elles ?

Quelle place pour l'IA dans notre rapport aux autres et à la productivité ?

Il est certainement acté que nous automatiserons davantage les tâches administratives longues et fastidieuses, le traitement des bases de données, la gestion des candidatures pour les RH par exemple, le codage également. Cependant, le temps « économisé » d’un côté, sera-t-il alloué à l’humain de l'autre ou à l’interaction avec l’IA pour continuer d’optimiser ses tâches répétitives ?
L’interaction avec un « bot » peut être une source inépuisable de réponses remplaçant l’interaction sociale. En effet, cette technologie nous prédispose à mieux maitriser l’espace-temps dans lequel nous interagissons, ce qui nous place de fait devant le dilemme suivant : dois-je privilégier la réponse immédiate distanciée par mail en évitant une confrontation en face-à-face ou est-ce que je privilégie une communication plus « normative » facilitant ainsi « la compréhension réciproque » avec un collègue ou mes équipes (Source ANACT : intelligence artificielle : interview de Yann Ferguson). Se pose donc la question du partage de compétences, d’expériences à plus long terme. Si l’interaction avec le « bot » peut être une solution court-termiste efficace, à plus long terme, elle peut nuire au collectif.

Enfin, nous pouvons également nous questionner sur l’autonomie au travail. En effet, si l’IA est souvent intégrée pour des questions de gain de productivité et de réduction de la répétitivité, il existe des risques de dépendance à son utilisation, dégradant possiblement les solutions proposées, car plus fonctionnelles, au détriment de solutions à valeur ajoutée sollicitant plus de moyens, de temps disponibles, ainsi que de compétences.

Comment éviter ces potentiels risques ?

Afin d’éviter ces risques potentiels, il est nécessaire de définir en entreprise une politique claire de l’usage de l’IA, évitant ainsi les usages officieux et mal maitrisés de cette technologie. L’IA doit être mieux comprise et surtout bien utilisée pour en tirer tous les bénéfices tout en conservant les synergies existantes entre les équipes dans les interactions sociales et les échanges de bonnes pratiques. La culture de l’IA doit donc s’imbriquer dans la culture de l’échange et pas seulement comme une réponse à un besoin de performance des collaborateurs et des entreprises.

Qualitest mène sur des cohortes de salariés d’entreprises privées, d’organisations publiques et de collectivités, de nombreuses études de Qualité de Vie au Travail nous amenant à nous questionner et travailler sur des sujets de société touchant aux organisations du travail et à leur devenir.

Nous sommes là pour vous accompagner dans la mise en place de vos baromètres internes ou enquêtes QVCT. N'hésitez pas à nous contacter.

Pierre Ulmer Chargé d'études

Pierre est spécialisé dans les problématiques liées à la formation, l'emploi et à la qualité de vie au travail. Après plusieurs années dans la grande consommation en tant que chef de secteur et consultant marketing, Pierre accompagne depuis plus de 4 ans plusieurs comptes institutionnels et privés dans l'élaboration d'études ad hoc sur ses thématiques de prédilection.

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